Ce soir est un soir exceptionnel : je n'ai pas maths demain ni après demain et, par conséquent, un temps précieux m'est accordé pour vous conter votre histoire du soir. Bien sûr je n'ose en aucun cas m'éléver au même niveau que vos parents, mais j'espère que ce petit conte "fait-maison" vous permettera de passer un agréable moment.
Notre histoire commence dans les terres sauvages d'Avagddu, non loin de la rayonnante et hautaine Cadwallon. Les prémices du printemps se faisaient sentir à travers toute la prairie boutonnant de mille fleurs et les chants ô combien mélodieux des mâles Minotaures en rute. Les paisibles troupeaux de Centaures cessèrent une fois de plus leur chasse au nain, afin d'aller se dorer au soleil, couchés sur les dolmens sacrés. Partout la douceur et l'amour succédaient à la mort et au froid mordant. L'amical peuple keltois retirait ses fourrures d'hiver pour les ensembles deux-pièces adaptés aux tièdes températures. Ce peuple, si civilisé et connu dans tout Aarklash pour ses bonnes manières et sa politesse, se réunissait afin de célébrer le renouveau de la Nature et par ailleurs dédier leurs offrandes à leur succombante déesse. Ce petit monde placide vivait en harmonie et ne se doutait pas du danger qui rôdait non loin ... Descendus de ses montagnes, étant parvenu à traverser le bois de Caer Maed d'où nul homme n'était jamais ressorti, Georges, formor vigoureux dans la force de l'âge et aux muscles prépondérants, rôdait de village en village en quête de gloire auprès de la gente féminine. Lassé des femmes drunes, si sombres et si farouches, Georges porta son attention aux jeunes donzelles keltoises qui avaient la joyeuse idée de se balader en culotte courte. Le village keltois si paisible même après les festins et les orgies du printemps, fut pris de panique à l'approche du bellâtre des montagnes. Sa chevelure soyeuse, sa truffe au vent et son regard vif lui valurent un immense succès auprès de la gente féminine. Aussitôt, les hommes du village ressentirent une grave offense à leur charme. Comment ces dames pouvaient-elles s'émouvoir devant cet énergue de formor ? Une poignée de jeunes demoiseaux téméraires ( ce qui était rare à l'époque ) comença à fredonner une douce mélodie dont le thème principal tournait autour du massacre. Georges, surpris par tant d'agressivité, dégaina son épée gravée dans la roche et ornée de trophées et se prépara à recevoir l'assaut des barbares belliqueux. Le combat tourna soudainement en la faveur du Formor car l'un des assaillants s'était tordu la cheville suite à une cascade plus ou moins volontaire et un autre s'était entaillé le bout du doigt en sortant sa serpe du fourreau. Pris de compassion, l'aimable et doux Georges brisa seulement le bras et la hache du dernier combattant. Le malheureux ému jusqu'au larme devant sa précieuse hache gisant au sol, rentra chez lui en pleurant et se fit consoler par sa tendre maman. L'ami Georges décida alors de ne plus troubler l'harmonie de ce village si chaleureux et aux si belles résidentes, et s'en retourna vers ses hostiles, rudes et stériles montagnes. Nul ne sait combien de donzelles éperdument amoureuses de lui le suivirent dans son périple, et nul ne sait également combien purent partager la voluptueuse couche du Formor dans sa tanière d'été. Mais ceci est une autre histoire et il est temps pour vous ainsi que pour moi de rejoindre le pays des songes.